Fazer filosofia em um planeta ferido : whitehead, stengers e uma filosofia ambiental

Abstract

This dissertation aims to outline some of the fundamental terms for a philosophy in a wounded planet. That is, an environmental philosophy that, from metaphysics to politics, from epistemology to ethics, poses itself the problem of the diversity of modes of inhabiting the earth of humans and non humans, taking into account, first and foremost, the context of climate change and generalized ecological perturbation. In order to do so, I start from the thesis that the concept of nature—a collective creation of modern philosophy, science, and other practices of production of knowledge and truths—is the grounds for modes of inhabiting the earth that are colonizing and thin the world, that is, make it poorer, delegitimizing uncountable existences and experiences. In its place, I propose a notion of environment and other connected notions. The contributions of the philosophers Alfred North Whitehead and Isabelle Stengers are crucial to craft the terms and modes of thinking, feeling and imagining that compose this environmental philosophy. In the first chapter, I present some of the historical and conceptual challenges in conceiving a denatured environmental philosophy. In the next chapter, I introduce the whiteheadian concept of bifurcation of nature, which organizes his historical, philosophical approach to nature’s role in modernity. Chapter 3 proposes an environmental metaphysics, built upon Whitehead’s writings, which underlie this work’s environmental philosophy. The fourth chapter offers a complementary analysis of the workings of modern science and philosophy based on Stengers’ philosophy of science. In chapter 5, I show how Stengers’ concepts of ecology of practices and cosmopolitics are capable of approaching the conditions for the coexistence of modern practices of production of knowledge and truths with other practices, especially those called non modern. Chapter 6 indicates a series of ethical and political developments of the cosmopolitical proposal, while presenting the stengersian approach to contemporary climate change through the concept of intrusion of Gaia. In the last chapter, I indicate what the main elements of a philosophy in a wounded planet are. Firstly, I suggest a philosophical animism which reorganizes the environmental philosophy proposed in this dissertation. Secondly, I focus on how attention, care and uncommunity are central notions for the ethics and politics of the philosophy I seek. Finally, I sustain that caring for the planetary wound and the coming worlds depends on acknowledging the webs of mutual sustaining and requires rejecting the ways of inhabiting the earth that neglect the planet.

Ce travail a pour but de tracer le contour de quelques termes fondamentaux d’une philosophie dans une planète blessée. C’est-à-dire une philosophie environnementale qui, de la métaphysique à la politique, de l’épistémologie à l’éthique, se pose le problème de la diversité des modes d’habiter la terre d’humains et non humains en prenant en compte surtout le contexte des changements climatiques et des perturbations écologiques généralisées. Pour le faire, je pars de la thèse que le concept de nature – création collective de la philosophie, de la science et d’autres pratiques de production de connaissance e de vérités de la modernité – est au fondement de modes d’habiter la terre qui sont colonisateurs et qui amincissent le monde, c’est-à-dire l’appauvrissent, en délégitimisant des innombrables existences et expériences. À sa place, je propose une notion d’environnement, ainsi que d’autres notions connexes. Les contributions des philosophes Alfred North Whitehead et Isabelle Stengers sont cruciales pour construire les termes et les modes de penser, sentir et imaginer qui constituent cette philosophie environnementale. Dans le premier chapitre, je montre quelques défis historiques et conceptuels pour penser une philosophie environnementale dénaturée. Dans le chapitre suivant, je présente le concept whiteheadien de bifurcation de la nature, qui organise sa lecture historico-philosophique du rôle que joue la nature dans la modernité. Le chapitre 3 présente la proposition d’une métaphysique environnementale, construite à partir des écrits de Whitehead, qui est sous-jacente à la philosophie environnementale du présent travail. Le quatrième chapitre offre une analyse complémentaire du fonctionnement de la philosophie et de la science modernes à partir de la philosophie des sciences de Stengers. Dans le chapitre 5, je montre comment les concepts d’écologie des pratiques et de cosmopolitiques de Stengers sont capables d’aborder les conditions de coexistence des pratiques modernes de production de connaissance et vérités avec d’autres pratiques, surtout celles appelées non modernes. Le chapitre 6 indique une série de développements éthiques et politiques de la proposition cosmopolitique en présentant l’approche stengersienne de la crise climatique contemporaine par moyen du concept d’intrusion de Gaïa. Dans le dernier chapitre, j’indique les éléments principaux d’une philosophie dans une planète blessée. Premièrement, je propose un animisme philosophique qui réorganise la philosophie environnementale travaillée dans la thèse. Deuxièmement, je me concentre sur l’attention, le soin et l’incommunauté comme notions centrales de l’éthique et de la politique de philosophie que je cherche ici. Finalement, j’affirme que soigner la blessure planétaire et les mondes à venir passe par la reconnaissance des toiles de sustentation mutuelle et par l’exigence de la réjection de formes d’habiter la terre qui négligent la planète.